Malgré les campagnes de sensibilisation intensément menées ces dernières années, le phénomène du mariage d’enfants persiste. Certains pratiquants de ce fléau brandissent l’islam pour défendre leur acte. Ce sujet provoque des débats au sein de la communauté musulmane, suscitant des opinions divergentes parmi les savants et les fidèles. Pour mieux comprendre cette question, nous avons interviewé Docteure Aminata Diallo, une islamologue reconnue. Une interview facilitée par les Amazones de la Presse Guinéenne en partenariat avec Girls First Fund.
Mme Aminata souligne l’absence de directives explicites dans le Coran concernant l’âge du mariage pour les filles. Elle affirme : « Il est nécessaire de mentionner qu’on ne trouve pas un verset coranique ou un hadith prophétique qui indique l’âge de la fille pour le mariage. L’islam nous enseigne plutôt que la mère doit avoir une bonne culture pour bien éduquer ses enfants. » Cette remarque introduit l’idée que l’éducation et la maturité sont des éléments essentiels pour envisager le mariage.
Certains défenseurs du mariage précoce se réfèrent à la vie du Prophète Muhammad PSL et à son mariage avec Aïcha, qu’ils considèrent comme une preuve de la légitimité du mariage précoce. Toutefois, Mme Aminata met en garde contre une interprétation simpliste de cet événement, soulignant que la dimension pédagogique de ce mariage est souvent mal comprise.
Selon Mme Aminata , plusieurs érudits, dont Allama Ibn Shubrima et Ibn Hazm, estiment que le mariage des mineures n’est pas permis. Et ils ont pour argument : « La Maturité et la Capacité: du fait que Le Coran évoque l’importance d’éprouver la capacité des orphelins avant de leur confier des biens. Cela implique que la maturité doit également être une condition pour le mariage, un contrat ayant des conséquences significatives. Puis l’objectif du mariage: Le mariage vise à satisfaire les désirs naturels et à assurer la procréation. Les jeunes ne possédant pas encore une compréhension mature de ces objectifs, leur mariage serait inapproprié. Et ensuite l’engagement à long terme: Les savants soulignent que le mariage est un engagement sérieux qui ne devrait pas être imposé à des jeunes qui ne sont pas en mesure de prendre une telle décision. » a-t-elle souligné. Mme Aminata conclut en disant : « Enfin, on peut dire que tous les arguments qui peuvent exiger, je dis bien exiger, le mariage des mineurs n’ont pas de fondement dans l’islam. »
Le mariage précoce en islam est un sujet complexe, les opinions varient largement, mais le consensus émerge autour de l’importance de la maturité et de l’éducation dans la prise de décision concernant le mariage.
Hawa Soumah