Malgré les campagnes de sensibilisation intensément menées ces dernières années, le mariage précoce continue d’être fréquemment pratiqué en Guinée. Ce fléau alarmant a des conséquences graves et immeasurables, non seulement sur les jeunes filles, mais aussi sur leur progéniture et sur l’ensemble du pays. De nombreuses jeunes filles, n’ayant pas atteint l’âge légal pour se marier, sont contraintes de s’unir avec des hommes nettement plus âgés qu’elles.
Thérèse Akakpo, responsable de la protection des jeunes et des enfants au Club des Jeunes Filles Leaders de Guinée, explique, sur la base de ses expériences vécues sur le terrain, qu’une fille qui se marie avant 18 ans est souvent condamnée à abandonner ses études. À cet âge, elle n’a pas la capacité de gérer un foyer tout en poursuivant ses études.
« La plupart des cas que nous avons gérés concernant le mariage précoce montrent qu’une fois qu’une jeune fille de moins de 18 ans entre dans un mariage pour lequel elle n’est pas préparée, cela l’empêche de poursuivre ses études en raison des obligations familiales. Et si elle tombe enceinte, elle ne pourra pas continuer à étudier, tout en prenant soin du ménage et de son enfant », déclare-t-elle avec véhémence.
Dans d’autres circonstances, cette destruction de rêves peut conduire certaines jeunes filles à une vie solitaire, à des troubles mentaux, voire à un décès. Akakpo poursuit : « Imaginons une jeune fille qui aspire à devenir ministre ou médecin, mais qui se voit contrainte d’abandonner ces rêves pour être mariée à quelqu’un qu’elle n’a pas choisi. Cela peut perturber son équilibre mental, et certaines peuvent même perdre la vie ou le sens de leur existence. »
Pour réduire le nombre alarmant de mariages précoces, voire l’éradiquer en Guinée, Thérèse et son équipe du Club mènent des actions de sensibilisation auprès des jeunes filles, des mères et des hommes.
« Nous, au Club, luttons contre ce fléau en sensibilisant les jeunes filles, en allant dans les écoles pour leur faire comprendre qu’elles ont des droits et qu’à cet âge, elles doivent poursuivre leurs études au lieu de s’occuper d’un foyer. Nous sensibilisons également les mamans dans les marchés pour leur faire comprendre qu’elles doivent soutenir leurs filles dans leurs études. Nous aidons également les hommes à cultiver une masculinité positive », explique-t-elle.
Pour conclure, Thérèse exhorte les jeunes filles confrontées à la pression du mariage précoce à persévérer dans la défense de leurs droits et à lutter pour leur avenir. Son combat va dans le même sens que la collaboration entre les Amazones de la Presse Guinéenne et Girls First Fund, qui luttent pour l’abandon des mariages d’enfants en Guinée.
Hawa Soumah