Fatou Baldé Yansané, féministe engagée, a récemment exprimé des opinions fermes concernant le phénomène du mariage précoce, une pratique qui persiste dans certaines communautés malgré les dangers évidents qu’elle représente pour les jeunes filles. Pour elle, le mariage précoce constitue une véritable calamité, un frein majeur à l’épanouissement et à l’autonomisation des jeunes filles.
Dans ses déclarations, Fatou Baldé Yansané met en lumière les risques sanitaires énormes auxquels sont exposées les filles mariées à un jeune âge. Elle explique que « le mariage précoce est un frein à l’épanouissement des femmes, des filles. Certes, les femmes sont conçues, faites pour faire des enfants, mais la morphologie même donne une certaine période pendant laquelle on peut faire des enfants en toute sécurité pour soi et pour l’enfant. Lorsque vous mariez une fille de moins de 18 ans, vous la soumettez à des risques énormes de mourir en couche. Ce n’est pas juste.«
Ces propos mettent en évidence les conséquences dramatiques du mariage précoce sur la santé des jeunes filles. En effet, les jeunes filles de moins de 18 ans n’ont pas la maturité physique et mentale pour assumer une grossesse, ce qui peut entraîner des complications sévères, y compris des risques de mortalité maternelle.
Au-delà des risques sanitaires, Fatou Baldé Yansané aborde également les répercussions sociales et économiques du mariage précoce. Elle souligne que le mariage à un âge précoce empêche les jeunes filles de poursuivre leurs études et d’acquérir les compétences nécessaires pour devenir autonomes. Selon elle, « Lorsque vous soumettez une fille de moins de 18 ans au mariage, au maximum elle est au lycée, et les choses sérieuses commencent à l’université, vous n’aurez jamais cette femme cadre que vous cherchez. Parce que c’est très difficile de concilier des maternités avec des cours.«
En effet, le mariage précoce force une jeune fille à entrer dans un rôle de mère et d’épouse avant d’avoir eu l’opportunité de se construire personnellement et professionnellement. Cette situation ne fait qu’aggraver la dépendance économique et sociale de la jeune fille, la rendant vulnérable à des situations d’abus et de précarité. Elle ajoute : « Une femme qui n’est pas autonome, si demain elle a des problèmes avec ce mari qui l’a épousée à cet âge-là, elle peut faire des enfants. Et qu’elle ne veuille pas rester, c’est tout un problème qu’elle va avoir déjà, à même trouver de quoi subvenir aux besoins des enfants. Elle-même, elle est dépendante. Elle fait des enfants. Elle et ses enfants sont dépendants. On ne peut pas parler d’autonomie.«
Fatou Baldé Yansané condamne fermement les raisons souvent avancées par certains parents pour justifier le mariage précoce de leurs filles. Selon elle, ces justifications sont dénuées de fondement et vont à l’encontre des droits fondamentaux des enfants. « Les parents qui donnent leurs enfants à un mariage à 12 ans, 13 ans, 14 ans, sont de simples criminels. Parce que tout simplement, par peur que celles-ci tombent enceinte, on les jette dans les bras de quelqu’un où elles ne sont pas préparées ni moralement, ni physiquement à affronter la vie de famille. Mais quand vous voulez que votre fille soit à la maison et ne fasse pas des bêtises, il faut l’encadrer pour qu’elle ne sorte pas de la maison. Mais ce n’est pas la peine de la jeter dans un ménage juste pour qu’on dise que sa fille s’est mariée très tôt et n’a pas fait d’enfants à la maison. C’est criminel.«
Pour mettre fin à ce fléau, Fatou Baldé Yansané plaide pour l’application stricte des lois en vigueur. « Il faut juste appliquer la loi. Si la loi dit que le mariage est possible à partir de tel âge, il suffit juste que si cela doit se faire, que l’État puisse quand même avoir le contrôle sur l’application et le respect des lois qu’on a votées et qu’on a adoptées. C’est ça le problème. Si on ne le fait pas, c’est un manquement. Et malheureusement. » Elle insiste sur la nécessité d’une vigilance accrue de la part des autorités pour garantir le respect des normes légales et protéger ainsi les jeunes filles des abus du mariage précoce.
Hawa Soumah