Détenue arbitrairement à la maison centrale de Conakry depuis plus d’un mois, la journaliste Aminata Conté vient d’obtenir une liberté provisoire et placée sous contrôle judiciaire ce jeudi 18 avril 2024, par la cour d’appel de Kaloum, à l’issue d’une audience. Après cette libération de la journaliste Aminata Conté, plusieurs actrices impliquées dans la lutte pour sa libération se réjouissent de cette décision de la justice.
Cette affaire opposait la journaliste Aminata Conté et l’ancien ministre de la justice Alphonse Charles Wright. Elle était poursuivie pour violation à la loi sur la protection des données à caractère personnel, production, mise à disposition des données et interruption volontaire de grossesse.
L’avocate Me Houleymatou Bah, salue cette décision de la cour d’appel de Kaloum. « En ce qui concerne la libération de notre cliente, nous estimons que le droit a été dit même si c’est tardivement et que les délais n’ont pas été respectés, mais nous saluons sa libération assortie de contrôle judiciaire. Ce qui a prévalu la prise de cette décision c’est l’application stricte de la loi en vigueur concernant l’examen de sa mise en liberté. »
Pour Me Houleymatou Bah, cette décision est plus qu’opportune, elle la qualifie même d’une victoire car selon elle, sa cliente n’avait jamais bénéficié de la protection de la loi. « Cette décision est une victoire dans la mesure où elle a corrigé ce qui a été mal fait au tribunal. Donc, nous espérons que l’instruction va aboutir bientôt pour que d’autres personnes qui n’ont pas été inculpées soient inculpées et qu’elles soient placées en détention pour que cela envoie un signal fort, que la justice guinéenne est entrain de prendre des mesures nécessaires pour la bonne marche des juridictions de notre pays. » A-t-elle laissé entendre.
Pendant son séjour à la maison centrale de Conakry, plusieurs féministes, ONGs, acteurs et actrices de la société civile et le collectif des avocats pour sa défense, ont entamé des démarches afin qu’elle bénéficie de cette liberté.
Aminata Pilimini Diallo, journaliste-féministe et initiatrice du soutien en faveur de Aminata Conté, s’exprime. « J’ai commencé à défendre et soutenir cette journaliste bien avant son incarcération à la maison centrale de Conakry. Les gens avaient peur parce que cette affaire opposait la journaliste à un ancien ministre et donc ils étaient dans le doute de est-ce-que le ministre Charles Wright allait être reconduit ou pas. J’ai pris ce combat parce que Aminata était victime, j’ai fait ce combat pour Aminata et surtout pour les femmes. » A-t-elle dit.
Connue par sa détermination et son engagement pour la défense des droits des femmes et filles victimes de violences en Guinée, Aminata Pilimini Diallo fondatrice du site actu-elles.info et web-féministe s’est lancée dans cette aventure pour montrer à ces hommes qui se croient forts que le féminisme et les droits des femmes existent dans notre pays.
« Je voyais dans cette affaire un problème général, je me disais que ces hommes ont enfermé Aminata Conté pas parce qu’elle a un problème avec Charles Wright et pas parce qu’elle est accusée d’avoir publié une sextape, mais pour faire taire toutes les victimes en Guinée qui ont à faire avec des magnats, des dirigeants ou avec des hommes puissants. C’est une manière de dire aux femmes et filles victimes de violences de se taire. C’est pourquoi j’ai entamé ce combat pour montrer à ces hommes que le féminisme et les droits des femmes sont là, même si on va rester en prison on leur dira non à la violence faite aux femmes. Mais heureusement la justice a montré qu’elle est forte et qu’elle est du côté des victimes. » Affirme-t-elle.
Cette libération de la journaliste Aminata Conté de la chaîne Kaback TV a été un ouf de soulagement pour sa famille biologique longtemps plongée dans le désespoir total. Mabetty Sylla, activiste et tante de Conté parle ici au nom de la famille. « Tout d’abord au nom de la famille je dis à tous ceux qui de près ou de loin, ont contribué à la mise en liberté provisoire de notre fille. Nous sommes très heureux de retrouver notre fille parmi nous. Nous trouvons salutaire cette décision de la justice. Nous ne pouvons pas l’affirmer mais nous savons compter sur la justice guinéenne pour réparer le tort que notre fille a subi. La Guinée est un État de droit, donc nous avons confiance en notre justice. Dans cette affaire notre fille est la victime et non la coupable. Encore merci à tous, plus particulièrement, la presse, le pool des avocats, les activistes qui étaient à nos côtés pour mener la lutte. » Dit-elle.
Pour cette brillante victoire, Aminata Pilimini Diallo salue la bravoure des féministes, des ONGs, les médias et le collectif des avocats pour la défense d’Aminata Conté, mais surtout les hommes qui ont accompagné ces femmes dans ce combat qu’elle qualifie de noble.
Moussa Konaté pour actu-elles.info