La Guinée figure parmi les 15 pays d’Afrique Occidentale où le taux du mariage précoce est l’un des plus élevés au monde. Ce phénomène constitue une préoccupation majeure au regard de son impact négatif sur le bien-être de l’enfant tant au niveau sanitaire que l’alphabétisation.
Bien que dénoncée et rejetée par les ONGs ainsi que les militant-es pour le respect des droits de l’Homme en général et de la jeune fille en particulier, cette pratique traditionnelle et révolue continue de sévir encore, dû à plusieurs facteurs dont principalement la pauvreté. Malgré les campagnes de sensibilisation autour, cette coutume néfaste présente de nombreuses répercussions. C’est pourquoi les Amazones de la Presse Guinéenne, accompagnées par Girls First Fund, se battent pour l’abandon du mariage d’enfants via les médias et les réseaux sociaux.
Aissatou Goulo Bah, aujourd’hui divorcée et mère de trois enfants, n’hésite pas à rejeter la faute sur ses parents qui, jadis, ont insisté pour lui donner en mariage à un riche commerçant à 13 ans . « À cet âge, je n’étais pas prête pour un foyer, moi qui étais pleine de vie et naïve, je me retrouve divorcée avec 3 bouches à nourrir. Je revends des boulettes au marché pour subvenir à nos besoins mes enfants et moi, parce que quand j’ai quitté la maison de mon mari où je n’avais aucune considération, toute ma famille me délaisse mes parents y compris. Je ne saurai dire si un jour je pourrais leur pardonner. » Déclare t’elle.
Ceci dit, tout comme elle, un grand nombre de femmes mariées très jeunes, affirment avoir vécu un véritable traumatisme et même des problèmes psychologiques et sanitaires.
À la demande de savoir que faut-il encore faire pour toucher plus de monde afin de bannir cette pratique, Rama Asmaou Baldé, féministe et membre du Club des Jeunes Filles Leaders de Guinée, s’exprime : « Il est essentiel de continuer à mener une large campagne de sensibilisation auprès des parents pour leur faire comprendre que le mariage des enfants est non seulement puni par la loi, mais qu’ils nuisent aussi à l’épanouissement de leur fille. Et surtout appliquer plus rigoureusement les lois, comme celui de l’article 375 du code pénal, qui interdit le mariage des enfants et renforcer la protection des droits des jeunes filles. »
En 2018, après une enquête démographique de la santé, 46% des femmes de 20 à 49 ans ont été mariées avant 18 ans, mais bien plus de 75% en zone rurale. Les activistes qui se battent pour la protection des enfants sont conscient-es que le combat est rude. Elles/ils appellent donc tout un chacun à œuvrer pour lutter contre cette pratique en Guinée.
Kadiatou Bachir Diallo