Originaire de Dinguiraye, Honorable Nima Bah Sow est née à Kissidougou en 1927, lorsque son père y était en tant que Directeur d’école. Après son certificat d’étude, elle a été reçue à l’école normale de Rufisque au Sénégal, où elle a opté pour l’enseignement. Elle y a fait 4 ans et était de la cinquième promotion. Elle est sortie de l’école à 19 ans, pour être affectée auprès de son père à Faranah.
De Faranah où elle a eu son premier poste, Hadja Nima Bah Sow a enseigné à Siguiri, ainsi qu’à Dinguiraye. Puis elle se marie à l’âge de 22 ans avec un homme qui travaillait à Mamou, elle y a donc enseigné aussi. Son mari fut affecté à Conakry, elle vient avec lui et enseigne à Sandervalia, à Tombo, ensuite Mme Sow s’occupait des élèves boursiers guinéens.
Après l’indépendance, elle a été députée avec ses consœurs, Mme Fatou Keita, Mme Fatou Aribot et Mme Gnalein. Elles sont donc les 4 premières femmes députées de la Guinée, de la première législature. A part Fatou Aribot qui était vice-présidente de l’assemblée et gouverneure en même temps, honorable Nima Bah était la seule intellectuelle parmi les femmes députées. Elle était donc soumise à des voyages hors du pays, en Afrique et en Asie pour représenter la Guinée mais aussi les femmes de son pays.
Hadja Nima était aussi l’une des militantes du parti unique de son temps, le PDG-RDA. Elle était souvent à coté de la première dame de l’époque, Hadja André Touré, lors des grands évènements. Hadja Nima a son “cahier de moral“ dans lequel elle parle du rôle de chaque individu dans la société. Un cahier qui a beaucoup servi, qui est édité par Harmattan Guinée. Elle dit être la présidente fondatrice du Lions Club en Guinée. Mme Sow a été aussi syndicaliste des femmes travailleuses, elle se rappelle qu’elle était active dans plusieurs mouvements.
Son mari fait partie « des 100 personnes tuées comme sacrifice », dit-elle en paraphrasant l’écrivaine Nadine Barry. Il n’avait que 49 ans et elle 44 ans, lorsqu’ils ont été séparés lors de son arrestation par le régime. Après ce malheureux incident, l’arrestation de son mari, elle a été dépossédée de sa maison et de tous ses biens. Mme Sow l’explique avec un éclat de rire maquillé par une tristesse, en ajoutant qu’elle a eu une vie terrible avec ses 4 enfants et les autres victimes. Tout de même, Hadja Nima a survécu en travaillant, mais jusqu’à nos jours, elle a du mal à parler de cette époque difficile.
Honorable Nima Bah Sow vit toujours à Conakry, un peu malade, du haut de ses 93 ans, elle dégage de l’énergie, de l’humour, mais elle est inquiète pour l’avenir de son pays.
Aminata Diallo