Meral Aksener, dirigeante du Bon Parti et ancienne ministre de l’intérieur, veut fédérer autour d’elle l’électorat conservateur déçu par Recep Tayyip Erdogan.
Ses chances de se qualifier pour le second tour de l’élection présidentielle, le 24 juin prochain, semblent minces, mais son parti devrait faire son entrée à l’Assemblée nationale, rapporte la-croix.com.
Meral Aksener n’a pas beaucoup de temps et elle le sait. À la tête d’une formation politique qu’elle a montée de toutes pièces l’automne dernier, elle a sillonné la Turquie depuis des mois, bien avant l’annonce d’élections anticipées que tous attendaient mais que personne n’imaginait survenir aussi rapidement.
La naissance de ce « Bon Parti » pourrait bien avoir été l’une des raisons qui ont poussé Recep Tayyip Erdogan à convoquer les électeurs le 24 juin, avant que la formation ne soit réellement en état de marche. Malgré tout, cette femme de 61 ans, bonne oratrice à l’allure austère, croit en ses chances de devenir la première femme présidente de la République de Turquie.
Il faut remonter en 2016 pour comprendre l’évolution politique récente de Meral Aksener, qui était alors une personnalité en vue du Parti de l’action nationaliste (MHP, extrême droite), dirigé par l’indéboulonnable Devlet Bahçeli. Refusant le rapprochement avec le pouvoir voulu par celui-ci, Meral Aksener tentera de le renverser, en vain. Elle est exclue du parti.
Une défaite qui résonne plutôt comme le début d’une ascension : elle part avec quelques députés et une partie de la base militante du MHP, participe à la campagne référendaire d’avril 2017 dans le camp du « non » à la réforme constitutionnelle de Recep Tayyip Erdogan, puis lance, en octobre, le Bon Parti, entourée d’anciens cadres de la formation nationaliste.
Aujourd’hui, cette femme conservatrice, pieuse mais non voilée, fait le pari de parvenir à ratisser une partie de l’électorat déçu par Recep Tayyip Erdogan, avec un programme de centre droit au ton moins nationaliste que celui de son ancienne formation politique.
Un pari qui semblait être gagnant lorsque les sondages lui attribuaient, il y a quelques mois, plus de 30 % des voix au premier tour, voire une victoire sur le fil contre le président lors d’un éventuel second tour. Mais un pari qui connaît aujourd’hui des écueils.
Il ne faut cependant pas enterrer le Bon Parti et sa candidate trop vite. Car les principaux partis d’opposition, qui présentent chacun un candidat pour la présidence, se sont ligués pour les élections législatives qui auront lieu le même jour. Le Bon Parti, le CHP et deux autres petites formations politiques entendent bien rassembler sous les couleurs de « l’Alliance nationale » un nombre de voix suffisant pour décrocher une majorité parlementaire contre l’AKP de Recep Tayyip Erdogan et ses alliés ultranationalistes.
Dans l’éventualité, improbable mais désormais évoquée, d’une victoire de l’opposition lors de l’élection présidentielle, il faudra compter avec Meral Aksener. En quelques mois, elle est parvenue à devenir incontournable sur l’échiquier politique du pays.