Le cas s’est passé à Conakry dans la commune de Matoto, la semaine dernière. Une fillette âgée de seulement deux ans aurait été violée par son voisin. Les parents de la victime ont été menacés d’expulsion, mais la maman de cette dernière n’a pas cédé à l’intimidation. Elle a donc fait appel aux médias, ONGs et des personnes qui se battent pour les droits des femmes et des enfants, ainsi que la gendarmerie. Le présumé auteur a fini par être arrêté, l’affaire se trouve désormais au tribunal pour enfant.
L’adjudant-chef Bernard Tinguiano, commandant de la Brigade Spéciale Protection des Personnes Vulnérables de la Gendarmerie, est celui qui gère la plainte de la maman de la victime. Il explique comment le cas est arrivé chez lui. « Ce viol de la petite fille de Yimbaya, on a été saisi par plainte régulière de sa mère, qui est venue porter plainte contre un jeune homme qui habiterait dans la même cour qu’eux. Elle a fait mention que ce jeune aurait abusé de sa petite fille de deux ans. Alors tout de suite, nous avons orienté la victime vers la médecine légale. Des examens ont été effectués, nous avons eu le retour du rapport qui confirme l’agression sexuelle avec une défloraison partielle de la petite. Vu que c’était sérieux, nous avons informé les ONGs avec lesquelles nous travaillons, car la santé de la fille nous préoccupait et il fallait la prendre en charge, » nous confie-t-il.
Kadiatou Konaté, secrétaire générale du Club des Jeunes Filles Leaders de Guinée, fait partie des personnes informées par la gendarmerie, elle confie que, « nous avions été saisies par la gendarmerie, qui nous a mis en contact avec la maman de la fille. Nous avons donc travaillé ensemble pour que justice soit faite. On faisait l’accompagnement génétique en fait.»
Cependant, il fallait faire des enquêtes pour mettre le présume violeur aux arrêts. « L’étape suivante c’était l’interpellation du présumé auteur. Alors, on a fait une descente à la maison, mais malheureusement on lui a raté chez lui. Le temps pour nous de quitter là-bas et aller à son lieu de travail, il n’y était pas aussi. Les premières informations fournies par la famille de la victime, nous disaient que c’est un jeune homme âgé de 18 à 20 ans. Après toutes les recherches, on ne parvenait pas à retrouver le jeune. Des remous avaient commencé dans le quartier, la famille de la fille était menacée d’expulsion, par les concessionnaires. Avant que le dossier n’arrive à notre niveau, il y avait déjà des négociations qui avaient commencé, pour étouffer l’affaire. Comme ils ont vu que la maman de la fille tenait toujours au dossier, il y a eu des menaces. Elle nous a reporté aussi que le béret rouge qui est l’oncle du présumé auteur, menaçait leur famille, » dixit l’adjudant-chef Tinguiano, avant de continuer.
« Donc nous avons cherché à connaitre qui est ce militaire et nous avons su qu’il est au BATA. Nous avons contacté les autorités de son service qui l’ont mis à notre disposition. Nous l’avons entendu, il a nié les faits de menaces en affirmant que lui-même est à la recherche de son neveu. Il nous a dit que le jeune a 12 ans et qu’il vit avec lui, mais il n’a pas d’extrait de naissance. C’est partant des amis d’âge du jeune à Kouroussa qui font la 6eme année, qu’il estime que son neveu a 12 ans. A travers nos techniques d’enquêtes, nous avons réussi à interpeller l’enfant avant-hier (dimanche 7 juin 2020 NDLR). Nous sommes entrés en contact avec le tribunal, parce qu’à vue d’œil nous avons vu qu’il a un âge relativement très jeune. Le tribunal nous a demandé son extrait de naissance, quelque chose qu’il n’a pas, nous avons fini donc par communiquer le dossier. Après toutes les investigations, nous avons retenu quand même les faits de viol contre lui et on a communiqué le dossier au tribunal pour enfant, » rassure-t-il.
La maman de la victime avec une voix épuisée au téléphone, confirme l’arrestation de celui qu’elle accuse être le violeur de sa fille, mais tient qu’il n’est pas âgé de 12 ans. « Je sais ce qui se passe là-bas, mais je m’abstiens de le dire. De toutes les façons, même ceux qui ont vu le petit savent qu’il n’a pas l’âge là (12 ans NDLR), même un fou sait qu’il n’a pas cet âge qu’on lui donne, de vue. Mais je suis rassurée par la justice qui dit, qu’ils vont faire des vérifications pour savoir réellement son âge. Donc on attend ça, » affirme-t-elle.
Parlant des menaces et de son expulsion, elle semble être sur ses gardes. « Pour le moment nous sommes encore là, je ne sais pas ce qui va se passer, » dit-elle.
Aminata Diallo