Voici les grandes vacances, un temps propice pour couper le clitoris des petites filles qui ne sont pas d’abord passées par là. L’excision est une tradition en Guinée, qui a la peau dure. Après des années de luttes et sensibilisations pour que cette pratique cesse, des familles continuent à la faire sans aucune peur d’être pris par la loi.
Dans des débats houleux, des femmes soutiennent bec et ongle cette vieille pratique, mais sont d’accord que beaucoup de choses ont changé. L’excision n’est pas seulement l’ablation du clitoris, mais aussi l’initiation à la vie, au savoir vivre et à l’entretien de la femme. Mais est ce que ces dernières choses sont elles utilisées par ces familles qui sont attachées à cette mutilation génitale féminine? Ces mêmes femmes confirment que tout à changé.
Laoura affirme qu’à son temps, elles (les filles excisées NDLR) attachaient la tête et ne mettaient pas de boucles d’oreilles. Mais aujourd’hui les fillettes excisées ne mettent pas le foulard, elles portent des boucles d’oreilles et des bracelets.
Nenen elle, affirme que lorsqu’elle était une petite fille excisée, leurs gardes (des femmes qui veillent sur les filles excisées NDLR), ne badinaient pas avec elles. Elle nous confie que quand elles mangeaient et qu’une graine de riz tombait, elles la ramassaient avec la bouche.
Mina raconte qu’elle dormait sur une natte avec ses deux sœurs avec lesquelles elle a été excisée. Elle dit aussi qu’elles attachaient toutes la tête, avaient le même pagne et le même haut, découpés pour cette occasion. Elles avaient toutes une canne en main partout où elles partaient durant toute la saison qu’elles s’appelaient « béti », un mot poular qui veut dire « filles excisées ». Cependant, aujourd’hui, les filles ne dorment même pas dans la même maison, pour rester sur une même natte ou s’habiller en uniforme.
La vieille Béké qui regrette la disparition des coutumes, explique que l’excision n’est pas le fait de blesser les femmes, même si elle le dit autrement, « teddingol diwoykoye » qui veut dire » accorder du respect aux fillettes ». D’après elle, c’est les éduquer, les apprendre comment se comporter dans la vie, comment vivre avec un homme, comment se protéger contre les garçons. Mais, dit-elle, aujourd’hui toutes les filles sont mal éduquées et n’ont pas peur des garçons.
Alors, si la tradition qui est d’exciser pour éduquer est en voie de disparition ou a complètement disparu, pourquoi faire l’ablation du clitoris?
Aminata Diallo