L‘égalité des sexes ou encore l’équité du genre reste un débat qui divise le monde, même entre femmes. Pour certaines, c’est une chose impossible, pour d’autres elle est possible et elle peut aller au-delà du quota 50/50, car elles estiment que les femmes peuvent même dépasser les hommes si elles se mettent sur le terrain.
C’est le cas de Mme Camara qui est anesthésiste à l’hôpital Ignace-Deen de Conakry. Elle précise en premier lieu, que les femmes actives sont celles qui sont sur le terrain pas celles qui restent toute la journée au bureau.
« Nos mamans qui sont dans les marchés là, ce sont des femmes performantes. Ce qu’elles peuvent faire moi je ne peux pas le faire, beaucoup d’autres femmes qui se disent performantes ne peuvent pas le faire. Parce que se réveiller à 4 heures du matin, rentrer à 17 heures, faire la cuisine pour tous, n’est pas donné à tout le monde. Ce n’est pas parce que je me lève le matin je mets beaucoup de maquillage sur mon visage, je monte dans une voiture climatisée, je vais dans un bureau climatisé, je m’assois derrière mon ordinateur, je ne fais rien toute la journée, ou bien je signe des papiers, qui fait de moi une femme performante. Quand je me dis femme performante, je me mens moi-même, » regrette-t-elle.
Pour plus d’exemple, elle rend hommage à ses consœurs, « par contre une femme qui est au bloc opératoire, qui cours de gauche à droite pour pouvoir soigner un malade, aider un malade à revenir à sa vie, ça c’est une femme performante qui est dans l’ornière. Une autre femme qui est dans la maternité, qui lave le linge du sang des femmes qui ont accouchées, qui se trempe dans le sang sans savoir si elle va attraper une hépatite, le SIDA ou autres, après qui prend cet argent, ces miettes qu’on lui donne à l’hôpital pour aller faire la cuisine pour ses enfants, les amener à l’école avec cet argent, ça c’est une femme performante, » insiste Mme Camara.
Cette anesthésiste qui respecte les hommes mais prône l’émancipation de la femme, conseille ses sœurs de sortir de leurs bureaux, « pour nous comparer aux hommes, je le dis souvent, ce que je fais, les hommes ne peuvent pas le faire, ce que les hommes font je ne peux pas faire certaines choses. Donc il faut travailler pour avoir les 50/50, il faut être dynamique afin que les hommes mêmes disent que celle là m’a dépassé. Car je suis sûre qu’on peut les dépasser, avoir 60/40 d’ailleurs. Mais il faut aussi les respecter, ce sont nos maris, nos frères, nos papas, » a-t-elle conclu.
Reste à savoir si son cri de cœur sera entendu par ces femmes qui se disent performantes, mais ne veulent pas affronter le terrain.
Aminata Diallo