Chaque vendredi, elles affluent vers la mer à Lansanaya barrage, c’est dans la haute banlieue de Conakry. Certaines arrivent le matin de bonheur, d’autres vers 10 heures jusqu’à midi, pour selon elles « assister aux prières de Elhadje Condé ». Une foule incroyable de soucieux, font leur descente dans cette eau où se font des prières de toutes sortes. Les femmes sont les plus nombreuses et apparemment les plus courageuses pour faires des prières pour leurs enfants, leurs frères, leur mari et pour elles-mêmes.
Sous la pluie ou l’ardeur du soleil elles ne se fatiguent pas et ne s’ennuient point. Pour être parmi ceux ou celles qui auront leur nom dans les cahiers d’Elhadje Souleymane Baharou Condé, chacun dépose des colas, de l’argent et autre bien dans un sac. Des sacs veillés par des femmes ou jeunes qui écrivent à tour de rôle les noms, « de trois personnes pour les quelles tu veux faire la prière et pour quelle raison, » dixit une dame qui est à son troisième vendredi.
Une séance de prière qui doit être faite pendant sept vendredis pour chaque personne, afin d’implorer Dieu pour qu’il exauce les vœux, « des femmes qui veulent un mari ou des enfants. Des malades ou des gens qui font des crises, comme les filles qui tombent en criant. Des femmes dont les enfants font la délinquance. Des diplômés sans emploie. De jeunes qui veulent voyager pour l’occident. Des travailleurs qui veulent des promotions. Des élèves et étudiants qui veulent passer leurs examens, » expliquent les femmes venues pour prier.
Beaucoup confirment que les prières d’Elhadje Condé ont été entendues par Dieu car, « je venais ici pour prier pour que mon mari ait un travail. Je suis venue pendant quatre vendredis et il a eu un bon boulot. Je faisais la prière pour lui et mes enfants. Mais j’avais arrêté sans compléter les sept vendredis. Aujourd’hui j’ai recommencé, mais cette fois ci c’est pour moi et mes frères, » confie Mme Diallo.
D’après Mariam, « ma fille faisait des crises il y a trois ans, je l’ai amené à l’hôpital, chez les fétichistes, chez les marabouts, un peu partout, mais elle n’a jamais cessé de tomber et s’enfuir. Certains l’avaient même suggéré de se voiler, mais ça n’a pas empêché qu’elle tombe. Alors une amie m’a parlé d’Elhadje Condé, je n’avais pas confiance mais j’ai seulement tenté car la santé de ma fille m’inquiétais beaucoup. Alors nous sommes à notre troisième vendredi, mais alhamdoulilah ma fille ne tombe plus, depuis que j’ai commencé de venir ici ».
A Lansanaya barrage, les vendredis ressemblent à un jour de marché hebdomadaire. Toutes sortes d’articles y sont vendues. Toutes les ethnies et religions de tous les quartiers et mêmes les préfectures de Coyah et Dubreka s’y retrouvent, pour un seul but, prier le bon Dieu pour qu’il règle les problèmes. A défaut de prendre un taxi ou une moto, plusieurs femmes marchent à des kilomètres pour rallier le coin le plus convoité de Lansanaya barrage. A noter que des ministres et grandes personnalités y viennent.
Sur un podium sans se protéger de la pluie micro sur la main, Elhadje Souleymane Baharou Condé commence ses prières. Au fur et à mesure qu’il prie avec tous, des filles tombent, certaines vomissent, d’autres sur le coup de l’émotion, pleurent. Tous debout vers la direction de l’Est les mains en l’air, prononcent un seul mot «Ya Allah ». Ainsi se prolonge la prière des minutes durant. Après, chacun reprend sa route pour le prochain vendredi.
Aminata Pilimini Diallo