Après 3 ans de service en Guinée, l’ambassadeur de la Grande Bretagne rentre chez lui. Pendant sa mission, lui et son équipe ont réalisé de nombreuses activités avec et pour les femmes, allant de la lutte contre les MGF à l’autonomisation des femmes. Monsieur David McIlroy a accordé une interview exclusive au site d’information actu-elles.info, ce mardi 21 juin 2022. Lisez!
Actu-elles: M. l’Ambassadeur, vous avez fait 3 ans en Guinée pour représenter votre pays, et depuis votre venue ici, vous avez fait plusieurs activités. Actu-elles.info, étant un site féminin, dites nous ce que vous avez réalisé pour et avec les femmes en Guinée?
David McIlroy: En matière de politique étrangère, éduquer les filles, autonomiser les femmes et mettre fin aux violences basées sur le genre sont des priorités absolues pour le Royaume-Uni. C’est pourquoi, le gouvernement britannique s’est engagé à mettre tout en œuvre pour éradiquer l’excision dans le monde d’ici 2030. Cela peut paraître ambitieux pour certains. Cependant, nous croyons fermement qu’avec les bons outils et partenaires nous pouvons y parvenir car l’union fait la force.
Dans le contexte guinéen, l’Ambassade du Royaume-Uni a au cœur de sa politique le développement des communautés locales et œuvre dans ce sens en soutenant plusieurs ONGs aussi bien dans l’éducation, la formation que dans la lutte contre l’excision et les violences basées sur le genre.
Par exemple, nous travaillons en étroite collaboration avec l’ONG United Purpose et il y a quelques mois, je me suis rendu à Beindou dans la préfecture de Faranah. United Purpose a mis en place un projet dont le but est de créer un cadre au sein duquel la communauté locale peut se réunir et échanger sur les problématiques liées à l’éradication des mutilations génitales féminines.
L’ONG ADEGUI ( Action pour le Développement de la Guinée ) a aussi bénéficié d’une aide financière britannique. Grâce à notre soutien, ils ont pu développer leur projet à Moussayah dans la préfecture de Forécariah pour lutter contre les violences basées sur le genre.
Ces projets ne sont que deux exemples parmi tant d’autres mais à travers les discussions que j’ai pu avoir avec les populations locales, les activistes et ONGs, je constate que nos efforts ne sont pas vains et cela me réconforte dans l’idée que les conditions de vie des femmes et filles guinéennes s’amélioreront dans les années à venir, tant que nous ne baissons pas les bras.
Actu-elles: Pourquoi vous avez choisi de travailler auprès des femmes sur les violences faites aux femmes et l’autonomisation des femmes?
David McIlroy: Lorsque je me préparais à venir en Guinée, j’ai été choqué d’apprendre que le taux de mutilations génitales féminines était si élevé. Selon les Nations Unies, la Guinée a le deuxième taux de MGF le plus élevé au monde. Après mon arrivée, j’ai été frappé par le dévouement et l’engagement remarquables de nombreuses personnes et organisations qui travaillent dans les communautés locales pour sensibiliser aux risques des MGF, j’ai donc voulu les aider de toutes les manières possibles. J’ai également été touché par l’incroyable courage des femmes guinéennes et j’ai voulu faire mon possible pour les aider à réaliser leur potentiel.
Actu-elles: En trois ans qu’est ce que vous avez retenu des femmes guinéennes?
David McIlroy: Les femmes de Guinée sont vraiment remarquables, et j’en ai fait une priorité de soutenir ceux qui travaillent pour les protéger et promouvoir des opportunités en leur faveur.
Actu-elles: Avec l’expérience sur le terrain, est ce que vous avez espoir que les conditions de vie des femmes guinéennes vont s’améliorer les années à venir?
David McIlroy: Je suis toujours ravi quand je vois des filles en Guinée rester à l’école afin de recevoir une éducation, et des opportunités professionnelles s’ouvrir aux femmes. J’ai constaté des progrès pendant mon séjour ici, mais il reste encore un long chemin à parcourir. Par exemple, dans le cadre des propres activités du gouvernement britannique en Guinée, nous promouvons le programme Chevening Scholarship, qui offre une bourse pour étudier dans une université au Royaume-Uni. Nous voyons un nombre croissant de femmes postuler, mais le nombre est encore faible. Nous les encourageons vivement à se lancer car elles ont leur place dans ce programme.
Actu-elles: Continuerez vous de travailler avec ces femmes même après votre départ?
David McIlroy: J’espère pouvoir rester en contact avec nos partenaires les plus proches qui luttent pour la protection des femmes et des filles en Guinée. J’encouragerai également mes collègues au Royaume-Uni à soutenir l’excellent travail qu’ils accomplissent.
Actu-elles: Un mot d’au revoir ?
David McIlroy: Je voudrais rendre hommage à ma merveilleuse équipe de l’Ambassade. Ils se sont engagés à renforcer les relations entre le Royaume-Uni et la Guinée, et ce fût une joie de travailler avec eux. Je tiens à tous les remercier pour leur travail acharné, leurs conseils avisés et leur assistance à bien des égards.
Mon épouse et moi garderons de bons souvenirs de notre séjour en Guinée. Nous avons apprécié la séduisante beauté du pays, des hauts plateaux du Fouta Djallon à la magnifique côte. Mais le souvenir que nous chérirons le plus, est celui du peuple guinéen. Vous avez été si chaleureux et accueillant à notre égard. Merci pour tout ce que vous avez fait pour rendre notre séjour si agréable et joyeux.
Aminata Diallo