Viol: l’écrivain Bademba Barry, utilise des mots pour dénoncer les maux des victimes!

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En Guinée, les cas de viol sont de plus en plus dénoncés. Il se passe rarement une journée sans qu’un cas ne soit signalé. Un crime qui inquiète plusieurs guinéen-nes et chacun-e fait de son mieux pour combattre ce mal qui gangrène la société. Pour la part de Bademba Barry jeune animateur, écrivain et slameur, la plume reste son arme pour combattre le viol. Il en parle dans ce poème ci-dessous ??


“J’ai crié de toutes mes forces

Je ressens la chose qu’il enfonce

Je ressens la douleur qu’il amorce

Une douleur tellement atroce

M’avez-vous pas entendu crier ce jour? 

J’imagine que non!

Et maintenant m’entendez-vous pas toujours? 

Pourtant ça fait le bruit d’un canon! 

Je continue à crier mais de l’intérieur 

Les blessures ne font que s’empirer chaque jour et chaque heure

Écoutez, écoutez attentivement vous m’entendrez, même si très fort il a serré mon coup pour m’étrangler 

Devant vous je suis en entier, mais en miettes dans l’âme

S’il vous plait ayez pitié, Il a tout brisé en moi et a foutu un véritable vacarme

Maman a bouché ses oreilles 

Elle me demande de me taire

Cela pour sauver l’honneur de la famille et parfois juste pour l’oseille

Garder ce cauchemar en secret jusqu’au jour où je serai sous terre

M’avais-tu pas dit de garder ma virginité jusqu’au mariage?

Et cela quoi qu’il arrive?

Maintenant qu’on me l’a prise de force avant même la fleur de l’âge 

Est-ce la volonté de Dieu, ou celle du satan qui dirige? 

Non! Non non non Je ne crois pas qu’il va m’infliger cela

Arrête de l’accuser

Comment peux-tu oser?

Je suis la victime et non l’accusée

Que fais tu du pagne blanc duquel tu voudrais te glorifier à ma nuit de noces?

Qu’il aille se faire foutre? À lui tu renonces?

Écoute Papa, m’entends-tu? Non, parce que jamais toi et moi on aura une telle conversation 

Chez toi tout…est tabou

T’es trop occupé à louer ton Dieu sans aucune compassion

Pour ta propre progéniture jamais tu n’es debout

Je voudrais juste que tu me protèges

Mais aujourd’hui tu souris à mon bourreau

En moi réside le feu, plus jamais il ne neige

Je vomis quand je ressens encore l’odeur de sa sueur de taureau “ssss”

Donc la seule personne qui m’entend ici c’est moi c’est cela?

Dans ma tête règne un phénomène d’échos 

Je n’entends que ma voix et son éssouflement qui raisonne fort

Trop de questions, pas de réponses , que des combats

Trop de pression, pas de vengeance, contre le con en bas

La dépression, la dépendance, ma féminité tomba

Je sursaute à tout moment hein

J’ai peur des hommes

Il m’a bouffée à pleines dents hein

J’étais sa pomme

J’attendais un prince charmant moi

Et non un pervers fantôme 

Je veux briser le silence

Ils ont braisé ma conscience

Dois-je miser sur la patience?

Ils ont biaisé mon innocence 

Ils me prennent pour un zombi

Et moi j’ai l’impression d’être, la risée des on-dit

Voila ma vie!

voila comment j’ai grandi!

Voila comment ce maudit a fait de moi, une femme frustrée et étourdie

Alors J’ai crié de toutes mes forces

Je ressens la chose qu’il enfonce

Je ressens la douleur qu’il amorce

Une douleur tellement….atroce

Et je suis seule dans cette chambre noire. Et bientôt ma raison aussi va s’éloigner. Que dois-je faire?

Le slameur de l’ombre…”

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