La pandémie de Covid-19 continue à faire des victimes dans le monde. En Guinée, depuis le 12 mars dernier, plus de 3000 cas ont été confirmés selon l’Agence National de Sécurité Sanitaire (ANSS). Cette crise paralyse tous les secteurs notamment la politique. Plusieurs semaines après le double scrutin du 22 mars, le pays doit organiser la présidentielle en fin d’année. Toutefois il reste à savoir si cette élection pourrait se tenir d’ici là ? Si tel est le cas quel serait son impact ?
Les acteurs sont partagés entre la crainte de propagation au lendemain du scrutin et les risques liés à la présidentielle de 2020.
Présidente de la branche féminine du Front National pour la Défense de la Constitution FNDC, Mme Hadja Sarangbê Condé est plutôt concentrée sur la nouvelle constitution qu’elle qualifie de “constitution violée” et du fichier électoral qu’elle estime être “complètement corrompue”. Néanmoins elle craint que l’organisation de la présidentielle soit un facteur de propagation de cette maladie. “si cette élection se fait, la maladie se propagera plus qu’elle ne l’est de nos jours. S’il y a un forcing, il y aura des conséquences après l’élection. Il faudrait qu’on finisse d’abord avec cette pandémie à cause des contagions élevées. C’est d’ailleurs une des reproches que l’opposition fait à la mouvance, qui a organisé ces élections passées sachant qu’il y avait le coronavirus. Alors si ce gouvernement organise une autre élection avant la fin de cette pandémie, c’est pour que nous soyons dans cet état pour plusieurs mois ou années. Que Dieu nous en garde, parce que c’est une maladie qui tue.” Affirme-t-elle.
D’ici là, les cas positifs confirmés en Guinée grimpent du jour au lendemain, depuis sa présence dans le pays en mars dernier, juste quelques jours après les élections couplées. Certains citoyens soutiennent d’ailleurs qu’il y avait des malades de la COVID 19, avant ces élections, mais « le gouvernement ne voulait pas le déclarer pour ne pas rater le tripatouillage électoral. » soutiennent-t-ils
Quelles sont les dispositions à prendre si l’élection présidentielle devrait être organisée avant la fin de cette crise sanitaire ? Pour les spécialistes de la santé, la responsabilité individuelle de chaque acteur est engagée. Comme dire que les gestes barrières restent le moyen le plus efficace pour prévenir la propagation pendant ce scrutin. “ la discipline et la responsabilité individuelle et citoyenne seront les gages de la réussite d’une élection sécurisée. Quelques règles sont nécessaires à observer telles que : essayer d’éviter les pics d’affluence, c’est-à-dire à l’ouverture, en fin de matinée et après 16h. Penser également à amener son propre stylo pour émarger. Ils peuvent voter en portant un masque chirurgical, à condition qu’il ne gêne pas leur identification. En revanche, le port de gants chirurgicaux. Utiliser autant que possible les points de lavage de mains ou de gel hydro-alcoolique.” Propose Dr Ibrahima Sorry Barry, médecin interne au CHU Donka, président SOS Cœur Sud
La campagne électorale est une étape incontournable du problème du processus. Elle est souvent source de grande de mobilisation et tensions entre les militants des partis politique en Guinée. Les risques restent donc élevés en cette période de Covid-19. “Il faut savoir que l’élection, comme tout autre facteur de mobilisation peut influencer la propagation de la maladie à COVID 19. D’autant plus que, les situations de promiscuité sont des facteurs non négligeables dans la contamination des populations. Il faut prendre juste l’exemple sur les premiers tours des élections en France, ça a été un facteur vraiment de propagation qui a été décrit par beaucoup de scientifiques. “ Prévient Dr Ibrahima Sorry Barry
Si l’opposition s’inquiète de l’impact de cette pandémie sur la présidentielle prochaine, la mouvance pour sa part garde le silence sur la question. Pour elle, la priorité est à la lutte contre cette maladie. Joint au téléphone, le parti au pouvoir par la voie de son directeur de la communication M. Sidiki Touré, dit ne pas être en mesure d’intervenir sur le sujet.
A noter que la Guinée compte 3 553 cas confirmés, 1 950 guéris et 22 décès, c’est ce qu’a annoncé l’ANSS ce 28 mai. En sachant que des centaines de malades testés positifs sont portés disparus, l’organisation de l’élection présidentielle inquiète plus d’un!
Reportage réalisé par Aminata Diallo, sous l’initiative de Search for Common Ground en collaboration avec le NDI (National Démocratic Institute) sur financement de l’USAID