Fabriqué en Guinée sur l’initiative d’une dame et son équipe, Guinèe Pad se veut être la solution des filles qui n’ont pas les moyens. Même si pour le moment ils n’ont pas de local et leurs propres couturiers, ces serviettes hygiéniques vont au-delà des menstrues.
L’idée est venue à Edwige Carême DJUEGUO lorsqu’elle a été confrontée à une situation qu’elle a vécue dans une cour commune à Dixinn. « Il y avait une petite sœur qui n’était pas allée à l’école à cause de ses règles. Je l’ai vu errer dans la cour un jour de classe, je lui ai demandé pourquoi tu ne pars pas à l’école ? Elle s’est sentie un peu gênée après, elle m’a dit tantie j’ai mes règles et quand je les ai, je n’ai pas assez d’argent pour acheter des serviettes hygiéniques. Sa maman n’a pas assez de moyens et elle a beaucoup d’enfants. J’ai vu que si je lui donne de l’argent pour acheter pour ce mois et les autres mois quand je ne suis pas là comment elle va faire ? » se demande-t-elle.
Donc c’est ce qui a attiré l’attention d’Edwige, en se posant plusieurs questions. « Comment une petite fille comme ça peut manquer l’école à cause de ses règles ? Je suis donc allée sur Google, j’ai cherché des solutions alternatives et je me suis rendue compte qu’on fabrique des serviettes hygiéniques lavables et ça se fait déjà un peu partout, en France, au Canada, aux Etats Unis, au Burkina, au Cameroun, en Ouganda etc. J’ai décidé de me déplacer pour aller faire de recherches de terrain, alors j’ai vu comment on fabriquait ces serviettes hygiéniques lavables. C’est comme ça j’ai pris l’initiative de lancer ce concept en Guinée afin d’aider ces filles qui n’ont pas assez de moyens, » explique-t-elle.
En dehors des moyens, Guinèe Pad touche aussi la question de l’écologie, car ces serviettes permettent de protéger l’environnement. Le paquet a des serviettes qui durent un an. Le matériel utilisé est composé de tissus en coton qui sera en contact de la vulve, il y a la garniture qui est en coton biologique tissé « le leppi » blanc, puis il y a un tissu imperméable pour empêcher le sang de fuiter, il est en contact avec le caleçon.
Question de savoir si le produit a été testé en laboratoire, Edwige répond « nous utilisons des produits biologiques, contrairement aux serviettes hygiéniques jetables qui utilisent des produits chimiques. Pour nous c’est 100% naturel. Nous avons plutôt fait des tests d’utilisatrices et nous avons eu beaucoup de filles qui ont utilisées ces serviettes et puis les retours ont été positifs. »
Si l’objectif est d’aider les filles qui n’ont pas les moyens, il est loin d’être atteint car le paquet de 3 serviettes et 3 inserts, bien qu’utilisables pendant un an, est vendu à 100.000 FG. « nous même on voit que le prix est cher par rapport à l’objectif qu’on se vise, donc c’est pour cela que nous préférons attendre la commercialisation. Mais celles qui sont capables de payer peuvent nous contacter sur notre page Facebook. On voudrait trouver les voies et moyens pour diminuer ce prix. Sur un paquet de 100.000 FG, la couture seule nous coute déjà 45.000 FG. Donc si on arrive à avoir notre installation, nos couturiers et tout, ça pourra vraiment diminuer le prix, » rassure Edwige.
Pour le moment, Guinèe Pad est dans des emballages plastiques ordinaires, avec un guide d’utilisation en français en attendant que l’équipe ait des appuis nécessaires. « Guinèe » signifie en Soussou, « femme » et « Pad » en anglais, « serviette hygiénique », c’est ce qu’Edwige nous a expliqué.
Pilimini