En Afrique, la Guinée particulièrement, les femmes ont du mal à être autonomes. Dans beaucoup de familles, elles restent des femmes au foyer, des mères de famille et c’est tout. Mais est ce que c’est une bonne pratique ? Cette histoire de Mme Bah en est un élément de réponse.
Elle s’est mariée avec un inconnu il y a de cela 22 ans. Son mari vivait dans un pays de la sous région ouest africaine et elle dans le Fouta Djallon. Naturellement c’est elle qui part rejoindre monsieur. C’était un homme battant, gentil avec sa femme mais ancré dans cette culture de « la femme reste à la maison ». Mme Bah elle, a grandi dans un milieu où femme et homme font tous des activités pour subvenir à leurs besoins. Alors elle a voulu convaincre son mari de comprendre sa situation. Elle a fait comprendre à son époux qu’elle ne peut pas rester bras croisés sans faire quelque chose pour avoir son propre argent.
D’embrouilles à embrouilles, elle quitte son mari pour aller chez sa maman afin que celle-ci l’aide à avoir une solution. Evidemment son mari et la famille de ce dernier étaient touchés par cet acte de Mme. Mais Mme Bah avait une belle sœur qui est à l’image de la femme battante en question. C’est cette dernière qui arrangea les choses. Elle a prié son frère d’accepter que sa femme fasse le petit commerce ne serait ce qu’en bas de leur immeuble. Il a fini par accepter même si selon Mme Bah, il avait exigé que tout soit en règle dans la maison. Elle s’était donc arrangée que tout soit normal pour qu’elle puisse faire son activité.
Quelques années plus tard, ils avaient déjà cinq enfants, deux garçons et trois filles. Le mari fini par divorcer car il ne pouvait pas vivre avec une femme qui faisait maintenant le commerce dans toute la sous-région. La maman du monsieur a aussi joué le plus grand rôle dans ce divorce selon Mme Bah et sa belle sœur la « femme battante ». Le plus intéressant est que son ex mari est décédé, la maman de celui-ci est malade et elle n’a aucun enfant pour prendre soin d’elle. Qui va donc prendre soin des cinq enfants et de la maman du monsieur qui a divorcé parce que sa femme est battante ? Personne à part elle, cette femme qui s’est vu rejetée juste parce qu’elle veut faire du sérieux et ne dépendre de personne.
Son mari n’était pas parmi les enfants riches que Dieu a créé. Il est donc décédé en laissant zéro héritage pour ses enfants. Mme Bah ne regrette pas sa persévérance, « Dieu merci j’avais choisi le commerce, aujourd’hui je ne regrette pas, car c’est moi qui paie la scolarité de mes enfants, qui soigne leur grand mère paternelle même si elle ne veut pas me voir. Je le fais quand même avec la complicité des demi-sœurs et demi-frères de mon ex mari. »
Elle vit au Fouta avec ses autres quatre enfants, le premier est à Conakry dans la famille de leur papa. Elle conseille aux femmes de faire tout possible pour être financièrement autonomes car « on ne sait jamais. Votre mari peut mourir, ou perdre son boulot ou encore tomber malade. Personne ne viendra vous aider. »
APD