Première femme à occuper ce poste, l’Italienne Maria Grazia Chiuri a officiellement été nommée directrice artistique de Dior, a annoncé, vendredi 8 juillet, la maison de couture française. Cette designer de 52 ans pilotait depuis 2007, avec Pierpaolo Piccioli, la direction artistique de Valentino, qui appartient désormais – comme Balmain – à Mayhoola, l’un des véhicules d’investissement de la famille royale du Qatar.
Mme Chiuri succède à Christian Dior, Yves Saint Laurent, Marc Bohan, Gianfranco Ferré, John Galliano et Raf Simons. Le départ de ce dernier avait créé la surprise en octobre 2015 : le talentueux créateur belge n’avait pas souhaité renouveler le contrat le liant à Christian Dior, qui appartient au géant du luxe français LVMH.
Celle qui a redonné du souffle aux collections Valentino sera en charge de la haute couture, du prêt-à-porter et des accessoires féminins chez Dior, rapporte lemonde.fr. Sa première collection est attendue lors de la prochaine Fashion Week de Paris, le 30 septembre.
Maria Grazia Chiuri arrive chez Dior à un moment crucial, alors que la maison donne des signes d’essoufflement. Les ventes qui jusqu’ici caracolaient, avec une croissance de 10 % sur l’exercice 2014-2015 et de 19 % au cours de l’exercice précédent, n’ont augmenté « que » de 3 %, à 1,39 milliard d’euros, au cours des neuf premiers mois de son exercice fiscal (du 1er juillet 2015 au 31 mars 2016), par rapport à la même période de 2014-2015.
La baisse des flux touristiques à Paris, conjuguée à l’atonie de certains marchés asiatiques dont Hongkong, a notamment bloqué toute croissance au cours des trois premiers mois de l’année 2016 (429 millions d’euros contre 433 millions au cours de la même période de 2015). Signe que le luxe perd de son éclat, même pour la marque choyée par Bernard Arnault, PDG de LVMH, les ventes de la maison de couture de l’avenue Montaigne ont chuté de 12,5 % entre le dernier trimestre 2015 et les trois premiers mois de 2016.
Interrogé par Le Monde, Sydney Toledano, président de Dior, ne conteste pas ce chiffre mais le juge « peu pertinent », la période de Noël marquant chaque année un pic des ventes. Néanmoins, il admet que « les problèmes de sécurité liés aux attentats et l’état d’urgence qui a effrayé les Japonais contribuent à la baisse des flux touristiques ». Il pointe aussi « la volatilité des monnaies » pour expliquer les difficultés du secteur du luxe.
A contrario, le patron de Dior se félicite de « la bonne tenue des marchés locaux [les clients qui achètent dans leur pays], notamment en Chine et en France ». A ses yeux, le prêt-à-porter se maintient malgré le départ de Raf Simons : ce secteur enregistre toujours une croissance à deux chiffres, assure-t-il. Le président de Dior attend désormais « un momentum » avec l’arrivée de la nouvelle créatrice. Les résultats annuels de la maison de couture devraient être publiés le 26 juillet.