Rares sont celles qui sont sur le terrain qui ne reçoivent pas les avances de leurs sources, ou qui ne subissent pas de harcèlements. Elles sont aussi victimes de leurs chefs et collègues.
Le harcèlement sexuel étant défini comme le fait d’imposer à une personne, de façon répétée, des propos ou comportements à connotation sexuelle, qui portent atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant, ou créent à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante, des milliers de femmes en sont victimes, y compris les journalistes.
« J’ai été victime plusieurs fois, depuis que j’ai commencé ce métier je ne peux pas compter le nombre de fois que j’ai été victime de harcèlements. Je me dis que c’est leur façon de vivre, c’est leur quotidien, les hommes, mais ça dépend aussi de la personne qui est en face d’eux. C’est vrai quand même que c’est choquant quand tu te retrouves sur le terrain, où tu veux mettre en exergue tes compétences et il y a un monsieur ici qui vient te draguer, en réalité c’est irritant, tu as même envie de gifler la personne, » témoigne Kadi Touré.
Une autre journaliste, confirme avoir vécu le harcèlement sexuel et les avances, dans les grandes institutions, dans les partis politiques, dans les ministères et même avec les médecins, dans l’exercice de son métier. Elle dit le vivre au quotidien à chaque fois qu’elle se trouve micro et carnet en main devant un monsieur, dans son bureau ou même dans les activités médiatisées.
Une situation qui peut pousser ces filles à l’abandon du métier. Mlle Diallo avait commencé son stage dans une radio de la place en 2011, elle n’a pu faire que deux mois de stage et a quitté pour aller dans une autre société en tant que communicante.
« Mon rédacteur en chef m’envoyait des texto chaque soir pour m’inviter à aller prendre un verre avec lui, en mentionnant des mots comme ‘’bébé’’ ‘’ ma chérie’’ etc. Quand je revenais le matin à la radio, il me demandait pourquoi je ne répondais pas à ses messages ? Je lui disais que je ne recevais pas et lui demandais ça parlait de quoi ? Il ne me disait rien en face, ça se répétait chaque jour pendant des semaines. Il a fini par ne plus m’envoyer sur le terrain. Je l’assistais dans une de ses émissions, il a arrêté de me faire entrer en studio avec lui. Je préparais certains de ses programmes il a bloqué tout. Donc j’ai fini par quitter et abandonner pendant trois ans, le métier qui me fascinait tant,» affirme Mlle Diallo.
Kadiatou Touré a aussi failli abandonner, « lors d’une mission à l’intérieur, un monsieur était là tout le temps en train de me harceler. Il voulait que je partage la même chambre que lui, il me suivait partout et me parlait sans cesse. J’ai appelé mon rédacteur en chef à Conakry je lui ai dit que je veux rentrer même si c’est en taxi, j’ai voulu abandonner le terrain parce que j’en avais marre en fait. C’est l’un des risques du métier, car même les confrères et les chefs te harcèlent avec des mots, ‘’tu es sexy’’, ‘’tu es belle’’, ils te font des yeux doux, ils te font des avances. C’est pour quoi il faut être compétente parce que là personne ne pourra te fatiguer. Mais si tu n’as pas la compétence tu risques de céder».
Ces journalistes, qui ont été victimes des avances et harcèlements de la part des leurs sources mais aussi des collègues, des chefs et confrères, conseillent les autres femmes à mettre leur compétence en avant et de rester courageuses sans céder.
Aminata Diallo