Alors que les noms des victimes masculines font l’objet d’une large médiatisation, un hashtag veut rappeler que les femmes ne sont pas épargnées. Le 20 mai 2015, African American Policy Forum (AAPF) publiait un rapport rassemblant histoires et témoignages de femmes noires sur les violences policières. Ce rapport est accompagné du hashtag #SayHerName, car l’association souhaite démentir l’idée que seuls les hommes de couleur sont concernés par des discriminations raciales et la violence de la part de la police américaine.
En effet, si l’on connaît les noms de Freddie Gray – décédé le 19 avril des suites de ses blessures, une semaine après son arrestation à Baltimore – et de Michael Brown – abattu à Ferguson le 9 août 2014 -, dont les morts ont provoqué de vives émeutes dans leurs villes respectives, on ne connaît en revanche pas ceux d’Aiyana Stanley-Jones – tuée par balle en 2010 à l’âge de 7 ans alors qu’elle dormait chez sa grand-mère – ou de Rekia Boyd, abattue dans la rue en 2012 par un officier alors qu’elle avait le dos tourné – il a été acquitté le mois dernier.
Relayé sur les réseaux sociaux, le mouvement a immédiatement pris de l’ampleur à New York, où siège l’association. Black Youth Project 100 (BYP 100) a même appelé à une journée nationale d’action pour les femmes noires le 21 mai dans plusieurs villes importantes du pays. On a notamment pu y voir des femmes seins nus arborant des slogans tels que « Soulevez-vous » ou « Justice ».
« Les victimes oubliées sont assassinées une seconde fois », écrit Janaye Ingram, directrice nationale de National Action Network, une association qui défend les droits civiques. De son côté, BYP 100 dénonce ces « récents événements à travers le pays qui ont démontré que les meurtres commis par la police, le harcèlement et les agressions sexuelles perdurent en toute impunité ».
Ce mouvement est lié à celui de #BlackLivesMatter, créé en 2012 après la mort de Trayvon Martin, un jeune homme de 17 ans abattu en Floride par George Zimmerman -acquitté en 2013. Il a repris l’année dernière après le meurtre de Michael Brown. Opérant sur le même terrain d’action et constatant la puissance et l’efficacité des réseaux sociaux comme support de parole, le hashtag #SayHerName connaît un succès grandissant : plus de 124 000 tweets à ce jour.
Selon AAPF, les femmes noires peuvent souffrir de discrimination autant, voire plus, que les hommes : dans le seul domaine de l’éducation, les élèves noires ont six fois plus de chances d’être renvoyées provisoirement ou définitivement que leurs homologues blanches. C’est deux fois plus que l’écart existant entre les garçons noirs et blancs.
Source (lepoint.fr)