En Afrique, particulièrement en Guinée, la vie de couple est le plus souvent tendue. La femme est considérée comme celle qui fait tous les travaux de la maison, pour garder son foyer, elle est celle qui endure tout le mal d’où qu’il vienne. La majorité des hommes sont durs, et très sévères avec leurs épouses et leurs enfants. Ils considèrent la femme comme une servante et se prennent comme les rois, donc attendent toujours d’être servis. Un dicton dit, « il n’y a pas de règle sans exception », alors Mme Diallo, sa coépouse et leurs enfants, ont un homme exceptionnel.
Depuis presque 30 ans, Mme Diallo Mata est mariée à un homme qui avait déjà une autre femme à Abidjan. Elle explique que son mari a épousé une deuxième femme car il était en phase de divorce avec la première qui avait eu un enfant avec un autre homme, qui a donc trompé son mari. Mais connaissant l’Afrique et ses arrangements à l’amiable, après quelque mois du mariage de Mme Diallo, la première femme revient sous l’appui de ses belles sœurs et ses beaux frères.
Mme Diallo nous explique que c’est vrai que son mari n’est pas assez riche mais un homme pas comme les autres. « Quand on était des jeunes mariés, mon mari m’aidait à faire la cuisine, la lessive et faire le linge. Il partait au marché m’acheter des habits, des chaussures, des bijoux, et mêmes les mèches pour que je me coiffe. Quand mes sœurs venaient chez moi il mettait la musique et on dansait tous ensemble, on riait, on faisait la belle vie, » dixit Mme Mata.
En parlant des hommes qui laissent leurs femmes prendre des choses lourdes devant eux, Mme Diallo sourit d’abord avant de répondre, « mon mari n’a jamais demandé qu’on l’apporte de l’eau dans la douche pour faire sa toilette, il n’a jamais demandé qu’on nettoie ses chaussures, jamais demandé qu’on mette la nourriture pour lui. Il n’accepte jamais que sa femme prenne quelque chose de lourd devant lui. Quand nos enfants étaient petits c’est lui qui les réveillait, faisait leur toilette et les donnait à manger, les habillait pour qu’ils partent à l’école, mes enfants et ceux de ma coépouse bien sûr ».
Mme Diallo confie que son mari ne l’a jamais tapé, ne l’a jamais insulté, n’a jamais crié sur elle, même si, « parfois on se fâche, mais il n’a jamais été violent ni verbalement, ni physiquement. Avec les enfants, il n’a jamais été dur, jamais été méchant avec eux, d’ailleurs avec tout le monde il est paisible, compréhensif, et gentil. Pendant 29 ans nous sommes ensemble, mais mon mari n’a jamais été cet homme arrogant, cet homme qui attend qu’on le sert, j’avoue que toute sa famille est ainsi, surtout les hommes de sa famille, donc je dirai que tous les hommes ne sont pas les mêmes, ils ne sont pas tous méchants.»
Et si certains croiront alors qu’avec tout ce que M. Diallo fait pour sa famille, fera que ses enfants soient maudits, Mme Diallo dit ceci, « ce cas précis, c’est si la femme force son mari à faire les travaux, c’est si c’est la femme qui dirige son mari, mais nous il le fait avec plaisir. En tout cas nos enfants jusqu’à maintenant ils n’ont rien d’un enfant maudit. Ma fille ainée travaille, mon deuxième enfant est en France il joue au football, mon troisième fait la deuxième année mine et géologie, ma dernière fille va faire son brevet l’année scolaire à venir. Ma coépouse, ses trois filles sont mariées et vivent paisiblement avec leur mari, son dernier enfant fera son bac l’année à venir, son premier enfant lui ne travail pas, mais ne cause aucun problème à la famille. Tous nos enfants n’ont jamais fait deux fois un examen (entrée en septième, brevet et bac), donc je ne vois aucune malédiction chez nous. »
En espérant que ses garçons seront comme leur père, que ses filles auront des maris comme leur père, Mme Diallo invite les autres hommes à être indulgents, car selon elle, ça sera une vie parfaite et aisée qu’ils mèneront en famille.
Aminata Diallo