Dans un un communiqué de presse sur la situation des guinéennes bloquées au Koweit, le collectif Guinéenne du 21e Siècle informe et s’adresse surtout au gouvernement guinéen. Lisez!
Paris, jeudi 25 avril 2019
Depuis quelques semaines, nous tentons d’en savoir plus sur ces vidéos de Guinéennes au Koweït qui circulent sur les réseaux sociaux. Comme il y avait plusieurs versions les concernant, nous avons dans un premier temps contacté des organismes de fact-checking pour une authentification.
Voici un premier retour de Africa fact-checking.
Hier, par l’intermédiaire d’une de nos sources proches du dossier à la chancellerie de Guinée au Koweït, nous avons pu obtenir plus de détails sur la situation de nos compatriotes. Selon nos informations, le processus de recrutement de ces jeunes femmes a lieu à Conakry via un bureau qui fournirait des visas particuliers appelés “Visas 20” à des jeunes désireux de partir travailler dans des pays arabes dont on leur vante les mérites et salaires mirobolants.
Mais avec ces visas, on ne peut effectuer qu’une certaine catégorie de métiers sur place : chauffeurs, femmes de ménage, nounous, etc.. Ce que ne savent pas les candidats au voyage au départ de leur pays la Guinée. Lorsque ces femmes arrivent au Koweit, elles sont dispersées dans différentes familles.
Quelques-unes d’entre elles ont la chance de tomber sur des employeurs qui respectent le code du travail du salarié immigré avec un salaire et congé hebdomadaire. D’autres par contre, se livrent à de nombreuses sévices sur ces filles, allant de l’esclavage moderne à la
maltraitance physique et morale. Acculées, elles décident alors de fuir ces familles et se réfugient entre autres à la chancellerie de Guinée qui leur met à disposition une chambre dans leurs locaux.
La prochaine étape entreprise par la chancellerie après les avoir secourues d’urgence, consiste à les transférer dans des centres d’accueil koweitiens prévus à cet effet. Mais pour être reçu dans ces infrastructures, des conditions préalables doivent être remplies selon le droit koweïtien, nous explique notre source. Des empreintes digitales doivent être recueillies pour vérifier si les individus n’ont pas de casier judiciaire ou ne sont pas fichés pour des délits.
Certaines parmi les jeunes femmes en fuite ne peuvent pas être identifiées puisque leurs passeports ont été confisqués par les employeurs ou les trafiquants de femmes de ménage étrangères.
Celles qui ne peuvent pas être recueillies dans ces centres se cachent dans des quartiers défavorisés de la capitale et y travaillent au noir pour avoir une rentrée d’argent. Les autorités koweïtiennes, remarquant certains attroupements dans des quartiers réputés « foyers d’immigrés illégaux » y organisent couramment des descentes.
Selon notre source, la vidéo où l’on voit des femmes s’enfuir sur le toit d’un immeuble aurait été tournée dans ce contexte. Ces jeunes femmes fuiraient une rafle mais « ne seraient pas séquestrées ». Certaines parmi elles ont exprimé leur désir de revenir en Guinée.
La chancellerie n’aurait ce jour, pas les moyens de pourvoir au rapatriement de celles-ci puisqu’aucune ligne n’est prévue à cet effet dans le budget de fonctionnement de la chancellerie. Néanmoins, “plus de 170 filles” auraient pu rentrer en Guinée par l’entremise de la chancellerie et de quelques organisations sur place, nous en informe notre source.
Ainsi en tant qu’organisation oeuvrant pour les droits des Guinéennes dans la diaspora et en Guinée, nous nous sommes proposées d’organiser une cagnotte en ligne qui pourrait constituer un fond de financement des billets des Guinéennes désireuses de revenir dans leur pays, la Guinée.
Mais nous avons appris il y a deux jours par l’intermédiaire de notre contact, que le gouvernement guinéen serait à pied d’oeuvre pour le rapatriement des concernées. Il aurait expressément demander à la chancellerie de Guinée au Koweït de leur fournir une note explicative de la situation générale afin d’organiser le retour de ces jeunes femmes. Cette note explicative a été produite et transmise au gouvernement il y a quelques jours. Nous en prenons acte et avons donc décidé de donner un délai de deux mois à compter du 1er mai 2019 au gouvernement guinéen pour mettre en place un circuit de retour de nos concitoyennes qui ont subi des abus de confiance qui les ont conduites dans ces pays, aujourd’hui défavorisées et ne pouvant financer leur retour.
Si rien n’était entrepris d’ici l’expiration de ce délai, nous mettrons en place la cagnotte en ligne. Nous continuerons bien entendu à suivre l’évolution de la situation.
Dieretou Diallo
Présidente
Pour le compte du collectif Guinéenne du 21e siècle