L’équité-genre, une conception polysémique qui est mal vue et interprétée. Pour les uns, c’est une réduction du genre masculin à une domination totale par celui féminin. Pour les autres, c’est une parité logique.
Aperçu du concept
Les mouvements féministes ont commencé dans le but d’améliorer la « condition de la femme ».
- la défense des intérêts des femmes dans la société,
- l’amélioration et l’extension de leurs droits,
- la fin de l’oppression et des discriminations dont les femmes sont victimes au quotidien,
- leur émancipation.
Mais ce que, à satisfaire ces besoins cités ici, d’aucuns oublient en même temps les besoins de l’homme seront satisfaits. La femme est un être dont le cœur est plus puissant que le mental, c’est-à-dire, elle peut prendre soins, elle sait porter attention mais le plus souvent, elle ne reçoit pas la même attention qu’elle accorde aux autres.
Ces points énumérés ci-haut, sont difficiles à atteindre puisqu’en Guinée le background éducatif est un facteur transmetteur de la « domination de la femme ». Dans la tête des enfants, c’est inculqué à bas âge que la femme représente le « sexe faible », doit donc, exprimer un sens de soumission même non légitime ou légale.
La lâcheté de la tradition
« Une civilisation qui s’avère incapable de résoudre les problèmes que suscite son fonctionnement est une civilisation décadente. Une civilisation qui choisit de fermer les yeux à ses problèmes les plus cruciaux est une civilisation atteinte. Une civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde. » Aimé Césaire, discours sur le colonialisme (1950). Les mêmes assertions affirmées par Césaire ici sont applicables à la tradition guinéenne. Quand le pays transforme tout en tabou et pense que les gens qui parlent de l’émancipation de la femme sont des aliénés cela est une hypocrisie de la tradition transmise depuis belles lurettes et qui continue à se faire sentir. Une tradition qui ne peut pas s’ajuster est une tradition qui est contre le progrès. Nous sommes dans un monde qui évolue.
Le problème du fait de renier tout ce venant de l’occident ou des autres
Ce n’est pas une solution, le fait de repousser à suffisance tout ce qui est d’une orientation occidentaliste. Toute bonne pratique venant des « Blancs » peut être ajusté et adopté par les pays d’Afrique. Ce n’est en aucun cas un déracinement, mais une évolution.
Il est à reconnaitre aujourd’hui que la virilité dont se vante les « hommes » est une création et ce n’est point naturel. Il y a le sexe « social » et le sexe « biologique ». Le premier est purement une création culturelle et le second est naturel. Par exemple, en Malaisie, on ne parle plus trop de l’émancipation de la femme, pour moi, on doit plutôt parler de l’émancipation de l’homme. Car, ici, des femmes occupent des postes stratégiques, bien qu’il n’y ait pas eu d’abord une femme premier ministre. Dans mon Université International Islamic University Malaysia, c’est une femme qui occupe la place de « Recteur » et plus spécifiquement dans mon département, c’est une femme, la responsable du département.
Pour autant dire que le sexe social est purement construit par la société et cru par les « Hommes » d’une société donnée. Cela signifie qu’à travers l’éducation traditionnelle seulement en Guinée, la tendance peut être renversée.
Pourquoi, l’éducation traditionnelle
C’est parce que l’enfant reçoit les premières orientations qui vont le modeler en « famille » et quand il part à l’école plus tard, ça serait comme s’il a certains freins moraux qui le retiennent d’accepter d’incorporer une connaissance nouvelle différente de la « tradition » aussi rationnelle qu’elle soit. Le mal est que des femmes confirment elles-mêmes ce stigmate qui veut qu’elles soient l’ « être faible ».
Revenons à nos deux premières questions
Ayant un aperçu sur le concept du général au cas particulier « guinéen », nous pouvons maintenant aisément faire une analyse objective sur nos dites questions plus haut.
Les hommes ont la peur au ventre
Ont-ils peur d’être dominés, alors qu’ils ont été des dominants ? C’est simple, les femmes ne demandent pas à les dépasser, c’est ce qu’ils ne comprennent pas. Elles demandent justement qu’on les respecte et qu’on leur octroie une certaine marge de manœuvre. Ce sont des êtres et non des jouets sexuels. Un peu d’attention, un peu de considération, un peu de liberté et le problème sera sur la voie d’être résolu. C’est cette peur qui empêche même les commerçants de chez nous de se marier aux femmes intellectuelles. Mais, les femmes devraient aimer cela, car seul celui qui est instruit peut te traiter à ta juste valeur quand tu es instruite, c’est pourquoi, un dicton nous enseigne ceci « marie-toi à ta sorte ».
Les femmes pour être respecté, vous devez épouser une perspective pragmatique et équitable
Il faut que vous soyez conséquentes. Mais n’allez pas au-delà pour penser aussi dominer le genre masculin. Ayez un esprit d’équilibre, bien que vous ayez souffert dans le passé, mais comprenez que votre combat est un combat de fond qui prendra un bout de temps pour être compris chez nous, car la tradition et ses pratiques arriérées qui ne s’actualisent jamais pour s’accommoder aux temps. Donc, votre lutte ne doit pas être hâtive et superficielle, elle doit être un processus bien élaboré et qui va au-delà d’une sensibilisation, faites des plaidoyers au près des communautés pour leur montrer combien la femme souffre et combien elle a besoin de s’émanciper.
Il faut croire en soi, parler de ses problèmes, car une énigme qui n’est pas explorée ne peut jamais être résolue.
BALDE, Elhadj Ousmane, Sociologue